Un long croa que je vous propose et que j'ai réalisé autant pour les autres (s'ils prennent plaisir à le lire) que pour moi même (pour dans dix ans m'entendre dire "tiens, j'observais comme ça en 2005!")...
enjoy, yann.
Ici le lien concernant les échelles de notation de Ciel Extrême vous aidera à définir certaines abréviations utilisées.
AVERTISSEMENT : A ne lire que si vous avez un peu de temps devant vous et si le ciel profond vous intéresse. Il s'agit d'un compte-rendu exhaustif décrivant les objets étudiés cette nuit là, mais présentant également l'instrumentation et les méthodes d'observation ainsi que les anecdotes de terrain.
Il est 20h30TU ce dimanche 07 AOUT 2005 et bien que la température soit fraîche pour une nuit d'été, inférieure à 10°C, elle est parfaitement normale pour un site alpin situé à 1650m d'altitude en cette saison. La Clapière est un hameau d'une douzaine de chalets dont un tiers environ occupés par des habitants à l'année et le reste par des touristes saisonniers. Comme Ceillac (http://www.ceillac.com), le village proche (300 habitants), La Clapière est éclairée à cette heure tardive par une demi-douzaine de lampadaires “lanternes” jaunes qui dispensent leurs rayons dans quasiment toutes les directions. Cela provoque une pollution lumineuse locale notable mais pas encore catastrophique.
Le seul avantage des lampadaires est qu'ils fournissent un éclairage permettant d'installer le matériel sans lampe frontale... Le télescope, un Dobson de ø445mm à F/4.5 Coulter d'origine américaine, est en place depuis le début du séjour estival et protégé des intempéries par des baches en plastique. Ses 85 kilos au total (tube plein en Sonotube® et rocker en aggloméré) en font un instrument tout juste déplaçable avec un solide diable, mais c'est une gymnastique que je ne m'autorise pas chaque soir et chaque matin !
enjoy, yann.
Ici le lien concernant les échelles de notation de Ciel Extrême vous aidera à définir certaines abréviations utilisées.
AVERTISSEMENT : A ne lire que si vous avez un peu de temps devant vous et si le ciel profond vous intéresse. Il s'agit d'un compte-rendu exhaustif décrivant les objets étudiés cette nuit là, mais présentant également l'instrumentation et les méthodes d'observation ainsi que les anecdotes de terrain.
Il est 20h30TU ce dimanche 07 AOUT 2005 et bien que la température soit fraîche pour une nuit d'été, inférieure à 10°C, elle est parfaitement normale pour un site alpin situé à 1650m d'altitude en cette saison. La Clapière est un hameau d'une douzaine de chalets dont un tiers environ occupés par des habitants à l'année et le reste par des touristes saisonniers. Comme Ceillac (http://www.ceillac.com), le village proche (300 habitants), La Clapière est éclairée à cette heure tardive par une demi-douzaine de lampadaires “lanternes” jaunes qui dispensent leurs rayons dans quasiment toutes les directions. Cela provoque une pollution lumineuse locale notable mais pas encore catastrophique.
Le seul avantage des lampadaires est qu'ils fournissent un éclairage permettant d'installer le matériel sans lampe frontale... Le télescope, un Dobson de ø445mm à F/4.5 Coulter d'origine américaine, est en place depuis le début du séjour estival et protégé des intempéries par des baches en plastique. Ses 85 kilos au total (tube plein en Sonotube® et rocker en aggloméré) en font un instrument tout juste déplaçable avec un solide diable, mais c'est une gymnastique que je ne m'autorise pas chaque soir et chaque matin !
Il me faut tout de même trois ou quatre voyages pour apporter depuis les dépendances du chalet le reste du matériel : escabeau aluminium 6 marches, table de camping, tabouret réglable, alimentation électrique (rallonge jusqu'au secteur, le chalet est à 20 mètres) et lampe abat-jour rouge, valise à oculaires, atlas Uranometria, planche à dessin et le portable Mac (Ibook G4, VirtualPC & Guide8). Une fois tout installé, je commence toujours par vérifier la collimation en utilisant le Cheshire. Bien qu'habillé légèrement, les va-et-vient m'ont suffisamment réchauffé pour effectuer la collimation sans habillage supplémentaire. L'instrument restant en plein air, la mise à température se fait naturellement et seules de mineures corrections sont nécessaires chaque soir pour retrouver un réglage correct.
Heureusement (et à dessein), le télescope est placé dans l'ombre du chalet et de ce fait protégé des éclairages directs. Il est temps de s'habiller chaudement.
L'habillage se fait en fin d'installation pour éviter de transpirer dans les vêtements d'observation et de se refroidir trop vite ensuite avec l'humidité ainsi acquise. Comme je suis frileux et que je vais rester assez immobile pendant quelques heures, c'est deux ou trois pantalons et autant de pulls fins que j'enfile avec pour terminer l'isolation thermique une combinaison de ski.
De retour au télescope (21h00TU), je commence à m'habituer à l'obscurité ambiante (pas totale à cause de la pollution lumineuse estimée à 2 sur 5, voir les annexes) et le ciel m'apparaît superbe. Il faut règler le chercheur (un 12x50 bricolé à partir d'une vieille paire de jumelles) et je pointe Arcturus pour ce faire, je la trouve à 80x dans les 50' du champ, caractéristique par sa couleur orangée, et j'affine les réglages du chercheur. Ensuite, un rapide pointage vers Jupiter, bien basse sur l'horizon, me confirme que ce n'est pas une cible valable à cette heure et son gros disque bouillonnant est déformé par la turbulence normale qui règne à une dizaine de degré au-dessus de l'horizon.
Pour meubler la solitude de l'observateur, Led Zeppelin suivis de quelques autres chansons mp3 seront jouées par le portable. Je trouve que c'est plus relaxant d'observer en musique, sans pour autant se couper de l'ambiance nocturne, elle-aussi appréciable.
Heureusement (et à dessein), le télescope est placé dans l'ombre du chalet et de ce fait protégé des éclairages directs. Il est temps de s'habiller chaudement.
L'habillage se fait en fin d'installation pour éviter de transpirer dans les vêtements d'observation et de se refroidir trop vite ensuite avec l'humidité ainsi acquise. Comme je suis frileux et que je vais rester assez immobile pendant quelques heures, c'est deux ou trois pantalons et autant de pulls fins que j'enfile avec pour terminer l'isolation thermique une combinaison de ski.
De retour au télescope (21h00TU), je commence à m'habituer à l'obscurité ambiante (pas totale à cause de la pollution lumineuse estimée à 2 sur 5, voir les annexes) et le ciel m'apparaît superbe. Il faut règler le chercheur (un 12x50 bricolé à partir d'une vieille paire de jumelles) et je pointe Arcturus pour ce faire, je la trouve à 80x dans les 50' du champ, caractéristique par sa couleur orangée, et j'affine les réglages du chercheur. Ensuite, un rapide pointage vers Jupiter, bien basse sur l'horizon, me confirme que ce n'est pas une cible valable à cette heure et son gros disque bouillonnant est déformé par la turbulence normale qui règne à une dizaine de degré au-dessus de l'horizon.
Pour meubler la solitude de l'observateur, Led Zeppelin suivis de quelques autres chansons mp3 seront jouées par le portable. Je trouve que c'est plus relaxant d'observer en musique, sans pour autant se couper de l'ambiance nocturne, elle-aussi appréciable.
Pas un seul nuage, la Voie Lactée est bien dessinée et la transparence m'a l'air très bonne pour le site (transparence de 0 sur 5, voir annexe). Je consulte ma liste d'objets intéressants “à observer” et constate qu'un petit groupe de galaxies d'Hickson dans le Dragon est passé bien au delà du transit (passage au plus haut dans le ciel). Il faudrait tenter de l'observer avant qu'il ne plonge derrière les montagnes. Eh oui, mon site d'observation est située en fond de vallée alpine et donc les horizons sont quasiment tous plus ou moins occultés : obstruction de 20 à 30° au Sud, 0° à l'Ouest, 30 à 45° au Nord, 45° à l'Est (à cause du chalet). Donc, en route sans plus tarder pour Hickson 80, un groupe compact de 4 galaxies de magnitudes bleues comprises entre 15 et 17.
Le Coulter est totalement azimutal, sans système de coordonnées ni encodeurs, donc c'est par cheminement stellaire que s'effectuent toutes les repérages d'objets. Ma liste m'indique la carte 28 de l'Uranometria (1ère génération, celle des années 1990) et l'index des cartes la montre située dans le creux de la queue du Dragon vers la Petite Casserole. Gamma UMi est l'étoile la plus brillante de la carte 28 d'après l'index alors je la pointe au chercheur et je partirai de là. Je repère les quelques étoiles faibles autour de Gamma dans le chercheur et descends de l'escabeau pour trouver dans l'atlas l'orientation du champ. Une fois celle-ci déterminée, je dois aller vers le Sud à la recherche d'un couple stellaire et ensuite tourner vers l'Est pour dénicher un losange écrasé d'étoiles. Je retourne au chercheur pour effectuer ce trajet et je reviens à l'atlas pour la suite : un triangle d'étoiles écrasé en continuant presque dans la même direction et en tournant vers le Sud un dernier assemblage typique d'étoiles au-dessus duquel se trouve l'objet de convoitise.
Le Coulter est totalement azimutal, sans système de coordonnées ni encodeurs, donc c'est par cheminement stellaire que s'effectuent toutes les repérages d'objets. Ma liste m'indique la carte 28 de l'Uranometria (1ère génération, celle des années 1990) et l'index des cartes la montre située dans le creux de la queue du Dragon vers la Petite Casserole. Gamma UMi est l'étoile la plus brillante de la carte 28 d'après l'index alors je la pointe au chercheur et je partirai de là. Je repère les quelques étoiles faibles autour de Gamma dans le chercheur et descends de l'escabeau pour trouver dans l'atlas l'orientation du champ. Une fois celle-ci déterminée, je dois aller vers le Sud à la recherche d'un couple stellaire et ensuite tourner vers l'Est pour dénicher un losange écrasé d'étoiles. Je retourne au chercheur pour effectuer ce trajet et je reviens à l'atlas pour la suite : un triangle d'étoiles écrasé en continuant presque dans la même direction et en tournant vers le Sud un dernier assemblage typique d'étoiles au-dessus duquel se trouve l'objet de convoitise.
Ca y est, j'ai centré dans le chercheur les deux étoiles de l'Uranometria qui forment un ergot avec deux autres plus faibles au Sud, et c'est maintenant Guide8 qui va m'aider à localiser la zone exacte, car ce faible groupe exigera une localisation parfaite. Guide montre qu'il suffit de prolonger la longueur preque exacte de l'ergot vers le N pour trouver la zone contenant Hickson 80. A l'oculaire et 25x (antares W70 25mm), l'ergot rentre dans le champ et je prolonge vers le N, mais dans la zone où les galaxies devraient apparaître, rien n'est visible. Qu'à cela ne tienne, grossissons ! A 125x (nagler II 16mm), je commence à discerner deux galaxies très faibles l'une au dessus de l'autre. Bien, ça commence à venir, continuons... A 211x (meade plössl 9.5mm), les deux autres galaxies sur la droite sont soupçonnées mais c'est à 280x (antares speers-waler) qu'elles sont le mieux mises en évidence, malgré leur extrême faiblesse. Cet amas de galaxie à la répartition très géométrique rappelle l'amas de la “boite” (NGC 4169-4173-4174-4175 dans Com) en plus faible et plus petit : il conviendrait donc de baptiser Hickson 80, l'amas de la “petite boite”. La “boite” nous fuit à la vitesse de 4000 km/s alors que la “petite boite” s'échappe à 9000 km/s : voilà la raison de cette faiblesse.
Après ce petit quart d'heure d'essai des grossissements, il convient de dessiner le groupe pour l'immortaliser et cela va prendre une quinzaine de minutes également. Pas toujours évident, debout sur l'escabeau, de pousser le Dobson pour qu'il suive le champ, la planchette dans une main et le crayon dans l'autre...
Après ce petit quart d'heure d'essai des grossissements, il convient de dessiner le groupe pour l'immortaliser et cela va prendre une quinzaine de minutes également. Pas toujours évident, debout sur l'escabeau, de pousser le Dobson pour qu'il suive le champ, la planchette dans une main et le crayon dans l'autre...
Descriptions= à 280 & 400x, petit groupe de 4 galaxies concentrées sur une aire de moins de 2' de ø en forme de rectangle assez régulier; PGC 56588 est une petite galaxie, très faible, ovale à effilée aux bords flous, assez homogène en brillance de surface; environ 33”x10” ENE-OSO; elle est vue VI2* (* signifie voir annexe) de 125 à 400x; PGC 56590 est très petite, très très faible, circulaire aux bords flous, à la brillance homogène, d'environ 15” de ø, vue VI3* (voir annexe) de 125 à 400x; PGC 56572 est très petite, extrêmement faible, circulaire aux bords flous, d'environ 15” de ø; elle a un centre stellaire de m=14-15 et la couronne est homogène; vue VI5* de 211 à 400x; PGC 56577 est très petite, extrêmement faible, ronde aux bords flous, de brillance homogène; vue VI5+* de 211 à 400x.
Après s'être régalé sur ce petit amas un peu délaissé, il est temps d'étalonner la nuit. Une séquence de magnitude limite autour de la polaire m'aide dans cette tâche et je repère l'étoile de mv=6.31 dont j'ai l'habitude entre la Polaire et la première étoile du “manche” de la petite casserole. Ce soir je parviens à la “voir” en vision indirecte presque 75% du temps, ce qui est très bien car, d'habitude, ça tourne plutôt autour de 30 à 50%. Cela laisse augurer d'une magnitude zénithale dépassant mv=7.0 et donc d'une transparence de l'atmosphère très favorable. Au niveau de la turbulence, je lui donne entre 2 et 3 sur 5, car les étoiles restent ponctuelles jusqu'à 250x (au dessus de 45° de hauteur), pour autant qu'elles puissent l'être dans un instrument souffrant d'astigmatisme, de défaut de sphéricité et d'un primaire un peu contraint ! Pour finir cette évaluation de qualité nocturne, il n'y a aucune humidité, le vent est moyen mais constant, et pas un nuage ne sera décelé pendant la nuit.
Allez, cible suivante. Tiens, dans la même constellation, un couple qui devrait être intéressant : NGC 6434 et RXSJ17366+7205, l'association d'une galaxie et d'un quasar, chère à Halton ARP. Le repérage de la galaxie est aisé car elle est située juste au N d'une étoile de m=7 facile à trouver au chercheur non loin de psi du Dragon. [Comme j'ai bien détaillé la recherche du premier objet de la soirée, je ne me sens pas le droit de vous assommer avec les autres recherches par cheminement, très variées au demeurant, mais pas très surprenantes en fin de compte et surtout alourdissant le texte].
J'avais déjà observé la galaxie dans un 200mm, mais jamais le quasar. Guide 8 le montre sur le côté de l'extension O et c'est la que je cherche, mais (surprise !) ce que je trouve est assez loin de l'éclat catalogué (V=14.3) : une “quasi-étoile” très faible, vraiment limite pour l'instrument, de mv>16 pour sûr. Quasar variable ou magnitude visuelle mal évaluée ? Bien sûr, l'association n'est qu'apparente (ou peut-être pas Mr ARP ?) puisque la galaxie a un décalage vers le rouge (z) de 0.0083 et le quasar de 0.0940... soit 1.3 milliards d'années-lumière quand même ! (en distance radiale co-mobile et postulant un univers plat, et http://www.astro.ucla.edu/~wright/CosmoCalc.html).
Après s'être régalé sur ce petit amas un peu délaissé, il est temps d'étalonner la nuit. Une séquence de magnitude limite autour de la polaire m'aide dans cette tâche et je repère l'étoile de mv=6.31 dont j'ai l'habitude entre la Polaire et la première étoile du “manche” de la petite casserole. Ce soir je parviens à la “voir” en vision indirecte presque 75% du temps, ce qui est très bien car, d'habitude, ça tourne plutôt autour de 30 à 50%. Cela laisse augurer d'une magnitude zénithale dépassant mv=7.0 et donc d'une transparence de l'atmosphère très favorable. Au niveau de la turbulence, je lui donne entre 2 et 3 sur 5, car les étoiles restent ponctuelles jusqu'à 250x (au dessus de 45° de hauteur), pour autant qu'elles puissent l'être dans un instrument souffrant d'astigmatisme, de défaut de sphéricité et d'un primaire un peu contraint ! Pour finir cette évaluation de qualité nocturne, il n'y a aucune humidité, le vent est moyen mais constant, et pas un nuage ne sera décelé pendant la nuit.
Allez, cible suivante. Tiens, dans la même constellation, un couple qui devrait être intéressant : NGC 6434 et RXSJ17366+7205, l'association d'une galaxie et d'un quasar, chère à Halton ARP. Le repérage de la galaxie est aisé car elle est située juste au N d'une étoile de m=7 facile à trouver au chercheur non loin de psi du Dragon. [Comme j'ai bien détaillé la recherche du premier objet de la soirée, je ne me sens pas le droit de vous assommer avec les autres recherches par cheminement, très variées au demeurant, mais pas très surprenantes en fin de compte et surtout alourdissant le texte].
J'avais déjà observé la galaxie dans un 200mm, mais jamais le quasar. Guide 8 le montre sur le côté de l'extension O et c'est la que je cherche, mais (surprise !) ce que je trouve est assez loin de l'éclat catalogué (V=14.3) : une “quasi-étoile” très faible, vraiment limite pour l'instrument, de mv>16 pour sûr. Quasar variable ou magnitude visuelle mal évaluée ? Bien sûr, l'association n'est qu'apparente (ou peut-être pas Mr ARP ?) puisque la galaxie a un décalage vers le rouge (z) de 0.0083 et le quasar de 0.0940... soit 1.3 milliards d'années-lumière quand même ! (en distance radiale co-mobile et postulant un univers plat, et http://www.astro.ucla.edu/~wright/CosmoCalc.html).
Description NGC 6434= à 211, 280 & 400x, galaxie moyenne en taille, faible en éclat, ovale; d'environ 1.2'x0.4' axée E-O, ses bords sont très flous et son centre une peu plus brillant; vue VI1* de 80 à 400x; étoile de m=8 à 2'S.
Description RXSJ17366+7205= à 280 & 400x, stellaire, très difficile, m=16.5, extrêmement faible, vue VI5++; placé à 48”OOON du centre de NGC 6434, à 16” du bord de l'extension O de la galaxie.
Je termine le dessin à 23h15TU... déjà 01h du matin, la nuit avance vite. Je prends quelques minutes quand même pour m'asseoir sur le tabouret et tout simplement admirer le ciel en remettant les lunettes (myopie de 2 à 3 dioptries). Le ciel est vraiment magnifique, il faudrait que je dessine un objet esthétique un peu plus proche de chez nous et pas à des mégaparsecs de distance pour, en quelque sorte, rendre hommage à cette magnifique transparence des éthers... Qu'est-ce que je pourrais pêcher dans ma feuille excel comme cible répondant à ces critères ? Tiens, pourquoi pas NGC 7023, la nébuleuse de l'Iris ? Voyons voir ce que ça donne dans le Coulter même si mes souvenirs issus d'observation avec 200mm de diamètre ne sont pas étourdissants.
Elle est facile à trouver et même à voir, et d'ailleurs, c'est très beau puisque l'on distingue les arcs nébuleux faibles qui lui donnent son aspect photographique familier (plutôt une araignée qu'un iris à mon goût). L'étoile centrale est très brillante mais ne gène pas l'observation, et les filtres n'apportent aucun aide (l'UHC et le wratten 65A ne la dégradent pas trop quand même) puisqu'il s'agit d'une nébuleuse purement par réflection. La délicatesse de cette nébuleuse rend son dessin compliqué, mais ses volutes gazeuses brillantes et sombres réjouissent la rétine et je ne me lasse pas de l'admirer.
Description RXSJ17366+7205= à 280 & 400x, stellaire, très difficile, m=16.5, extrêmement faible, vue VI5++; placé à 48”OOON du centre de NGC 6434, à 16” du bord de l'extension O de la galaxie.
Je termine le dessin à 23h15TU... déjà 01h du matin, la nuit avance vite. Je prends quelques minutes quand même pour m'asseoir sur le tabouret et tout simplement admirer le ciel en remettant les lunettes (myopie de 2 à 3 dioptries). Le ciel est vraiment magnifique, il faudrait que je dessine un objet esthétique un peu plus proche de chez nous et pas à des mégaparsecs de distance pour, en quelque sorte, rendre hommage à cette magnifique transparence des éthers... Qu'est-ce que je pourrais pêcher dans ma feuille excel comme cible répondant à ces critères ? Tiens, pourquoi pas NGC 7023, la nébuleuse de l'Iris ? Voyons voir ce que ça donne dans le Coulter même si mes souvenirs issus d'observation avec 200mm de diamètre ne sont pas étourdissants.
Elle est facile à trouver et même à voir, et d'ailleurs, c'est très beau puisque l'on distingue les arcs nébuleux faibles qui lui donnent son aspect photographique familier (plutôt une araignée qu'un iris à mon goût). L'étoile centrale est très brillante mais ne gène pas l'observation, et les filtres n'apportent aucun aide (l'UHC et le wratten 65A ne la dégradent pas trop quand même) puisqu'il s'agit d'une nébuleuse purement par réflection. La délicatesse de cette nébuleuse rend son dessin compliqué, mais ses volutes gazeuses brillantes et sombres réjouissent la rétine et je ne me lasse pas de l'admirer.
Description= de 80 à 280x, grande nébuleuse, de forme irrégulière aux bords indélimitables, assez brillante; d'environ 6.8' de ø total, centre plus brillant avec des renforcements; centrale de m=7; UHC=Wr65A=épargnent la nébuleuse, OIII=Hß=affaiblissent la nébuleuse, type R; vue V2 de 80 à 280x; partie centrale brillante grossièrement triangulaire de 2' de grand axe (coins vers le N, le SE et le SO) contenant l'étoile centrale sur sa base S; à 1' au S de l'étoile centrale se trouve un autre renforcement triangulaire plus évasé, d'environ 1.8'x1.0' avec la même orientation générale et la base face au S également; un 3ème renforcement se trouve encore plus bas au S, à 2.4' de la centrale, oval E-O de 1.0'x0.5'; deux arcs presque rectilignes très faibles (VI5) sont plaçés de part et d'autre à l'E et à l'O, parallèles à l'axe N-S constitué par les renforcements centraux précédemment cités, comme des ailes de papillon, connectés à l'axe central par des liaisons extrêmement ténues au N et au S; l'arc O est plus court, 3.6'x0.8' et l'arc E un peu plus long 4.8'x0.8'; ces dernier donnent à l'ensemble l'aspect d'un “Tie-Fighter” issus de “Star Wars”; entre l'arc O et le centre, l'obscurcissement est encore plus net que de l'autre côté et une véritable indentation sombre se situe entre la zone centrale brillante autour de l'étoile de m=7 et celle juste au S; de plus, au SSO de la nébuleuse, le bord est plus net sans doute à cause d'un nuage obscur qui se superpose; 3 étoiles de m=15 et une de m=12 se trouvent sur la nébuleuse en plus de la centrale.
Il est 00h15TU quand j'en termine avec NGC 7023 et je réfléchis déjà à la cible suivante (faut pas mollir !). J'ai toute une liste de galaxies torturées par des interactions gravitationnelles dans laquelle je pioche NGC 7250 assez proche du méridien dans le Lézard. Voyons ce que donne cette galaxie qui semble “croissantée” et chaotique sur le DSS... Le repérage n'est pas évident car le Lézard n'est pas une constellation aux étoiles brillantes et à l'assemblage caractéristique.
Lors d'un va-et-vient entre l'oculaire et l'atlas, mon oeil est attiré en une fraction de seconde par un bolide très brillant (2-3 fois Jupiter) dans une trajectoire presque Nord-Surd (perséide), de couleur jaune-verte qui laisse derrière lui une trainée persistante de plusieurs secondes. Magnifique et surprenant interlude que cette apparition fugace à 00h28TU. Le nombre de bolide comme celui-là que l'on rate pendant que l'oeil est scotché à l'oculaire... regrettable !
Revenons à NGC 7250 : elle est passée inaperçue lors de sa recherche à 80x sans doute à cause de sa taille chétive, mais elle a été bien repérée à 125x et au delà. C'est une petite tache diffuse très allongée dont on aperçoit par moment la dualité des parties centrales, surtout vers 280x. Collision entre deux galaxies, double-noyau, flambée d'étoiles ou région HII géante ? Guide8 indique une galaxie du catalogue LEDA million galaxies (21816) comme une entité à part constituée sur le noyau N, mais le “NASA/IPAC Extragalactic Database” ne mentionne que NGC 7250. Les références laissent penser à une flambée d'étoiles (NGC 7250 est mentionnée dans “"Starbursts in barred spiral galaxies" (2004A&A...416..515D)”. C'est toujours intéressant de se plonger dans la petite histoire des objets que l'on convoite, il y a souvent des choses intéressantes à découvrir et cela pimente encore plus l'observation de terrain !
Il est 00h15TU quand j'en termine avec NGC 7023 et je réfléchis déjà à la cible suivante (faut pas mollir !). J'ai toute une liste de galaxies torturées par des interactions gravitationnelles dans laquelle je pioche NGC 7250 assez proche du méridien dans le Lézard. Voyons ce que donne cette galaxie qui semble “croissantée” et chaotique sur le DSS... Le repérage n'est pas évident car le Lézard n'est pas une constellation aux étoiles brillantes et à l'assemblage caractéristique.
Lors d'un va-et-vient entre l'oculaire et l'atlas, mon oeil est attiré en une fraction de seconde par un bolide très brillant (2-3 fois Jupiter) dans une trajectoire presque Nord-Surd (perséide), de couleur jaune-verte qui laisse derrière lui une trainée persistante de plusieurs secondes. Magnifique et surprenant interlude que cette apparition fugace à 00h28TU. Le nombre de bolide comme celui-là que l'on rate pendant que l'oeil est scotché à l'oculaire... regrettable !
Revenons à NGC 7250 : elle est passée inaperçue lors de sa recherche à 80x sans doute à cause de sa taille chétive, mais elle a été bien repérée à 125x et au delà. C'est une petite tache diffuse très allongée dont on aperçoit par moment la dualité des parties centrales, surtout vers 280x. Collision entre deux galaxies, double-noyau, flambée d'étoiles ou région HII géante ? Guide8 indique une galaxie du catalogue LEDA million galaxies (21816) comme une entité à part constituée sur le noyau N, mais le “NASA/IPAC Extragalactic Database” ne mentionne que NGC 7250. Les références laissent penser à une flambée d'étoiles (NGC 7250 est mentionnée dans “"Starbursts in barred spiral galaxies" (2004A&A...416..515D)”. C'est toujours intéressant de se plonger dans la petite histoire des objets que l'on convoite, il y a souvent des choses intéressantes à découvrir et cela pimente encore plus l'observation de terrain !
Description= à 280x, petite à moyenne galaxie, assez faible en éclat, vue VI1 de 125 à 400x; très allongée 1.00'x0.25' NNO-SSE aux bords assez nets; centre un peu plus brillant “décentré” vers le S, avec un renforcement conséquent vers le N (séparation entre les deux de 22” environ), comme un double-noyau.
A près de 01h30TU, dernier dilemme de la soirée, il faut terminer cette nuit fructueuse par un feu d'artifice, des paillettes éparpillées partout... un amas de galaxies ! Les champs de galaxies de l'automne se profilent vers le transit et c'est dans Andromède que se situe l'amas Abell 71 (30 galaxies dans un ø de 1°, z=0.0724, distance radiale co-mobile de 1 milliards d'années-lumière), mon choix de ce soir... enfin, ce matin.
Non loin de delta AND, l'amas est localisé sans problème grâce aux trois “brillantes” galaxies du NGC (mph=13.5 à 15.5 quand même) qui servent de jalons (NGC 181, 183 & 184). Sept galaxies sont visibles dans un champ somme toute relativement restreint (15'). A priori, la plus faible galaxie détectée est 2MASX J00383950+2931584 (ouf !) à la magnitude bleue de 17.55, ce qui grosso-modo doit faire aux alentours de 16.5 en magnitude visuelle. Bon ce n'est pas un feu d'artifice du 14 juillet cet amas, mais tout de même une observation très sympa dominée par le trio du NGC et avec quelques faibles galaxies satellites en prime.
A près de 01h30TU, dernier dilemme de la soirée, il faut terminer cette nuit fructueuse par un feu d'artifice, des paillettes éparpillées partout... un amas de galaxies ! Les champs de galaxies de l'automne se profilent vers le transit et c'est dans Andromède que se situe l'amas Abell 71 (30 galaxies dans un ø de 1°, z=0.0724, distance radiale co-mobile de 1 milliards d'années-lumière), mon choix de ce soir... enfin, ce matin.
Non loin de delta AND, l'amas est localisé sans problème grâce aux trois “brillantes” galaxies du NGC (mph=13.5 à 15.5 quand même) qui servent de jalons (NGC 181, 183 & 184). Sept galaxies sont visibles dans un champ somme toute relativement restreint (15'). A priori, la plus faible galaxie détectée est 2MASX J00383950+2931584 (ouf !) à la magnitude bleue de 17.55, ce qui grosso-modo doit faire aux alentours de 16.5 en magnitude visuelle. Bon ce n'est pas un feu d'artifice du 14 juillet cet amas, mais tout de même une observation très sympa dominée par le trio du NGC et avec quelques faibles galaxies satellites en prime.
Groupe de NGC 181; dessin TN ø445mm, F/4.5, 280x; T=1, S=2.5, P=2, Q=1, H=74° (99%); La Clapière (05), alt.1650m; 08/08/05, 02h40TU; de haut en bas et de gauche à droite, PGC 2294 (CGCG 500-058), 2MASX J00384058+2935114 (PGC 1871091), 2MASX J00383950+2931584 (PGC 1869310), CGCG 500-061 (PGC 2320), NGC 183, NGC 181 et NGC 184.
Description NGC 181= à 280x, petite galaxie, faible, très allongée 45”x10” NO-SE, homogène.
Description NGC 183= à 280x, petite à moyenne galaxie, faible, allongée 45”x25” NO-SE, homogène.
Description NGC 184= à 280x, très petite galaxie, faible, allongée 19”x12” pratiquement N-S, homogène.
Description PGC 2294= à 280x, petite galaxie, extrêmement faible, allongée 38”x14” NE-SO, homogène.
Description PGC 1871091= à 280x, petite galaxie, extrêmement faible vue VI5++, effilée 48”x10” N-S, homogène.
Description PGC 1869310= à 280x, très petite galaxie, extrêmement faible vue VI5++, informe d'environ 10” de ø, homogène; étoile de m=15 à 7” du bord NE.
Description PGC 2320= à 280x, très petite galaxie, faible, ronde d'environ 15” de ø, homogène; étoile de m=15 à 9” du bord SO.
Je termine ce dernier dessin vers 02h40TU alors que “l'aube” astronomique ne va pas tarder à ternir ce ciel qui s'est avéré magnifique. Il est temps de plier bagage, de fermer les atlas, éteindre le micro, ranger les oculaires, bâcher le télescope et ramener tout le reste à l'intérieur du chalet. J'ai eu quelques coups de fatigue en cours de nuit, mais vu que je n'exploite ce site qu'en temps de vacances, il faut en profiter au maximum et parfois se faire un peu violence pour ne rien regretter. C'est -presque- en pleine forme que je me déshabille et prépare un léger petit-déjeuner pour ne pas se coucher le ventre vide. Je le déguste sur la terrasse du chalet, face à l'Est, tout en regardant le ciel s'éclairer peu à peu, avec Mars plein Sud et Orion qui se lève tout juste. Bientôt le ciel d'hiver...
Description NGC 183= à 280x, petite à moyenne galaxie, faible, allongée 45”x25” NO-SE, homogène.
Description NGC 184= à 280x, très petite galaxie, faible, allongée 19”x12” pratiquement N-S, homogène.
Description PGC 2294= à 280x, petite galaxie, extrêmement faible, allongée 38”x14” NE-SO, homogène.
Description PGC 1871091= à 280x, petite galaxie, extrêmement faible vue VI5++, effilée 48”x10” N-S, homogène.
Description PGC 1869310= à 280x, très petite galaxie, extrêmement faible vue VI5++, informe d'environ 10” de ø, homogène; étoile de m=15 à 7” du bord NE.
Description PGC 2320= à 280x, très petite galaxie, faible, ronde d'environ 15” de ø, homogène; étoile de m=15 à 9” du bord SO.
Je termine ce dernier dessin vers 02h40TU alors que “l'aube” astronomique ne va pas tarder à ternir ce ciel qui s'est avéré magnifique. Il est temps de plier bagage, de fermer les atlas, éteindre le micro, ranger les oculaires, bâcher le télescope et ramener tout le reste à l'intérieur du chalet. J'ai eu quelques coups de fatigue en cours de nuit, mais vu que je n'exploite ce site qu'en temps de vacances, il faut en profiter au maximum et parfois se faire un peu violence pour ne rien regretter. C'est -presque- en pleine forme que je me déshabille et prépare un léger petit-déjeuner pour ne pas se coucher le ventre vide. Je le déguste sur la terrasse du chalet, face à l'Est, tout en regardant le ciel s'éclairer peu à peu, avec Mars plein Sud et Orion qui se lève tout juste. Bientôt le ciel d'hiver...