Le
ciel en juin / début juillet
Planètes
Je n’annonce aucune occultation au cours de cette période. Bon, en fait, il y en a deux, ailleurs comme il se doit.
Mercure commence à paraître dans le ciel du soir à la mi-juin. Le grand rendez-vous est pour les 26/27 juin, avec possibilités
additionnelles les jours précédents et s’étendant jusqu’au 11 juillet.
Vénus est déjà bien visible dans le ciel du soir et y restera pour tout l’été.
Parlons maintenant du grand
rendez-vous. Il s’agit d’un
spectaculaire rapprochement de Vénus, Mercure et Saturne qui se produira sur
plusieurs jours, spécialement les 25, 26 et 27 juin. Puis, Vénus et Mercure dériveront
ensemble vers M44 (la Ruche d’abeilles); finallement, un croissant de Lune
viendra se joindre à elles le 8 juillet. Le tableau ci-dessous en donne
les faits saillants. Tout ceci se passe au Nord-Ouest, bas sur l’horizon. Pour
l’observation et la photographie, je propose une hérésie : à mon avis
le meilleur site se trouve au belvédaire de Rockcliffe.
Date |
Astres |
Description |
21 juin |
Mercure, Vénus, Saturne |
Ça commence, les 3 planètes dans un cercle de quelques degrés |
25 juin |
Mercure, Vénus, Saturne |
Les 3 planètes dans un cercle de 1.5º |
27 juin |
Mercure, Vénus, Saturne |
Mercure et Vénus à moins de 0.1º |
3 juillet |
Mercure, Vénus, M44 |
Vénus semble faire partie de M44, Mercure à 1º au Sud |
7 juillet |
Mercure, Vénus |
1.6º l’une de l’autre : conjonction |
8 juillet |
Mercure, Vénus, Lune |
Lune à 3º au sud des 2 planètes |
9 juillet |
Mercure, Vénus |
Mercure au maximum d’élongation* (26º) |
11 juillet |
Mercure, Vénus |
Dernière chance de voir le duo |
* Élongation : distance angulaire entre le Soleil et une planète
A la fin de juin, Mars
se lève à minuit : on peut parler maintenant du début du rapprochement
2005-06 Mars-Terre. Nous verrons quelques nouvelles missions vers Mars. Pour
nous observateurs terrestres, sa taille atteindra 9 ‘’ enfin de mois.
Il faut commencer à rappeler que Jupiter achèvera ses apparitions nocturnes : elle
ne disparaitra pas avant Octobre, mais d’ici là, nous ne la verrons plus que
dans le crépuscule. Juin est notre dernière chance de la voir en pleine nuit.
C’est aussi notre dernière chance de voir des doubles transits d’ombres de
satellites sur la surface de la planète. Les voici :
Date |
Heure
(T.U.)* |
13
juin |
18
H 39 |
15
juin |
14
H 33 |
17
juin |
7
H 57 |
20
juin |
21
H 17 |
24
juin |
10
H 35 |
27
juin |
23
H 54 |
1
juillet |
13h
12 |
* soustraire 4 heure pour obtenir H.A.E.
Saturne, après le trio du 26/27 juin, c’est fini.
Neptune
et Uranus se lèvent en soirée. Neptune sera à 5º au Nord de la Lune
le 25 juin et Uranus sera à 3º au Nord de la Lune le lendemain.
La
pleine Lune se produira le 22 juin et la nouvelle Lune le 6 juillet mai.
Ciel
profond
(Reprise)
Je vous propose ce mois-ci des objets pas trop
difficiles pour les gens affectés par la pollution lumineuse, mais néanmoins
très “vaporeux”: les nébuleuses planétaires. D’abord un mot sur le nom:
rien à voir avec les planètes, ou si peu. Il y a plus de 100 ans, on croyait
que ces nébuleuses compactes, de formes circulaires ou oblongues mais toutes régulières
et ayant toutes une étoile en leur centre étaient la toute première phase de
la formation d’un système planétaire. C’était le contraire: c’est la
fin d’une étoile.
Dans sa phase “séquence principale”, une étoile est en équilibre dynamique. Le coeur produit une énorme quantité de radiations X et Gamma qui contre-balance la pression du poids des couches supérieures. Et ces couches sont: 1. la couche radiative, très immobile, qui transforme les radiations en lumière et chaleur 2. la couche convective – dont on voit la surface – caractérisée par d’énormes mouvements ascendants et descendants de matière. J’oubliais: le cœur produit aussi des déchets nucléaires, plus lourds (exemple: Hélium), qui s’accumulent au centre de l’étoile. Éventuellement, sous la pression, une réaction nucléaire démarre dans les déchets. L’étoile se retrouve donc avec deux “moteurs” ne tournant pas à la même vitesse, une fusion rapide dans l’Hélium du centre et une fusion plus lente dans une coquille d’Hydrogène. L’équilibre est rompu, les différentes couches se mettent à osciller et l’étoile se met à “toussoter”: des bulles de gaz sont émises dans l’espace, à différentes vitesses. Les bulles peuvent s’emboutir, provoquant des ondes de choc visibles: c’est ça une nébuleuse planétaire. Ajoutez-y différentes vitesses de rotation de l’étoile – donc des bulles – et différentes traces d’éléments chimiques et vous obtiendrez la variété de formes et couleurs.
Une
dernière information technique: de par leur nature, les nébuleuses planétaires
ne brillent que durant 1000 ans. Documentez vos observations, mettez-les dans
une capsule, et dans le même temps qui nous sépare du Moyen-Age, les humains
des années 3000 s’émerveilleront devant les nébuleuses en Anneau (M57), du
Marteau (ou Haltère, M27), ou “Saturne” (NGC7009) qui, a cette pas si
lointaine époque, ne brilleront plus. Imaginez si Erasme avait eu un télescope!!
Plusieurs
de ces objets ont des nom très imagés et je réalise en avoir ratés de forts
jolis dans cette chronique. S’il y a la nébuleuse « Saturne », il
y a aussi le « Fantôme de Jupiter » dans l’Hydre
et la nébuleuse « Eskimo » (ou du « Clown » pour
certains) dans les Gémeaux – ce sera pour l’an prochain! –. Le nom le
plus étrange est certainement la nébuleuse « l’Atome pour la Paix ».
Je
vous propose donc des nébuleuses aux noms et aux formes intéressantes. Très
haut dans le Cygne, à environ 5º audessus de d
il y a NGC6826, la nébuleuse clignotante. Vous le regardez directement, elle
disparait; votre oeil va vers une étoile du champ et pop! elle réapparait!
C’est qu’à 8.9 de magnitude, elle est une splendide démonstration de la
vision oblique.
Une
grande planétaire (44’’ de diamètre) mais très faible (M=12), c’est
« l’Éclair bleu » du Dauphin. NGC 6905. Bleu, oui, mais celui qui
l’a nommé « éclair » devait avoir une énorme télescope!
Dans
le Sagittaire, NGC 6818, le « Petit
Bijou » de couleur verte. Et pendant qu’on y est, juste à côté (0.7º
au SSE), une cousine des nuages de Magellan, NGC 6822, la Galaxie de Barnard, à
1.7 million d’A-L. Curieusement, elle est facile dans un petit télescope mais
difficile dans les très grands.
Je
termine avec l’un des grands moments de ma vie. En 1992, j’ai passé deux
nuits au plus grand télescope amateur au monde (1.06 m), l’Observatoire de
Puimichel dans les Alpes de Haute-Provence. Le tout dernier objet, à ma
demande, fut la nébuleuse planétaire « Saturne », NGC 7009 dans le
Verseau. L’expression de l’astronome résident, qui la voyait lui aussi pour
la première fois, dit tout: « Putain! Qu’elle est belle! » Un
beau diamant bleu clair dans un écrin de velours bleu royal.
J’indique
aussi quelques autres nébuleuses planétaires bien connues.
Numéro |
Type d’objet |
A.D. |
Décl. |
Magnitude |
M
57 |
L’Anneau |
18
H 54’ |
+33º
02’ |
8.8 |
M
27 |
Le
Marteau |
20
H 00’ |
+22º
43’ |
7.3 |
NGC
6826 |
La
clignotante |
19
H 45’ |
+50º
41’ |
8.8 |
NGC
6905 |
Éclair
bleu |
20
H 20’ |
+19º
57’ |
12.0 |
NGC
6818 |
Petit
Bijou |
19
H 41’ |
-14º
17’ |
10.0 |
NGC
6822 |
Galaxie
de Barnard |
19
H 42’ |
-14º
53’ |
11.0 |
NGC
7009 |
« Saturne » |
21H
04’ |
-11º
22’ |
8.3 |
NGC
7293 |
L’Hélice |
22
H 30’ |
-20º
48’ |
7.3 |
Bonne observation!