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Histoire de l’astronomie et de ses grands hommes.
L’astronomie commence avec l’homme qui percevait
l’alternance de la lumière le jour et des ténèbres de la nuit. C’est la plus
ancienne des sciences mais également la mère de toutes les sciences. Ses origines
remontent à plusieurs millénaires. Nous parlons alors d’archéoastronomie. Un os
d’oiseau mis au jour dans l’abri Blanchard et datant d'environ 32 000 ans
correspondrait à des notations lunaires. Certains scientifiques pensent que
certaines scènes de la grotte de Lascaux présentent des objets célestes. Le
cercle de Goseck, découvert en Allemagne en 2003 et tracé il y a près de
7 000 ans, est sans doute le plus ancien observatoire solaire connu. A
cette période, il n’est pas question de science mais d’une sorte de
phénoménologie permettant de vivre au fil des saisons. L’existence de l’homme
qui devient agriculteur en dépend. Il n’en existe bien sûr pas d’écrits mais
des monuments mégalithiques en témoignent. On en trouve de forme plus ou moins
circulaire, et d’autres sous forme d’alignements, comme à Carnac en Bretagne ou
Callanish dans l’archipel des Hébrides, érigé il y a plus de 3 500 ans. Un des
plus célèbres est Stonehenge au sud de l’Angleterre dans la plaine de
Salisbury, et découvert en 1649 par un anglais, amateur d’antiquités :
John Aubrey. Il est difficile de prétendre que ces alignements de pierres,
présents un peu partout dans le monde, sont des observatoires. Mais on peut
penser qu’ils servaient à déterminer des orientations d’astres. Aux équinoxes
ou aux solstices, par exemple, le Soleil se lève toujours au même endroit. Ces
pierres, d’après un lieu précis fournissent cette direction. De plus, une
pierre n’est pas périssable et est donc immuable pour effectuer ces
observations. En Italie on trouve également des monuments de style mégalithique
pouvant avoir un rapport avec les astres. D’une manière générale, toutes les
civilisations se sont intéressées au ciel, certaines plus que d’autres et
parfois à des époques différentes comme les Mayas, les Incas, les Egyptiens,
les Grecs, les Arabes ou les Chinois. Au Mexique à Teotihuacan se trouve la
pyramide du Soleil où, selon le peuple aztèque, notre soleil serait né. L’homme
en a tiré des croyances, les dirigeants Mayas utilisaient leurs connaissances du
mouvement apparent du Soleil pour susciter la peur et accroître leur pouvoir.
Mais l’homme a vite compris, grâce à l’observation, que tous les astres
bougeaient au fil du temps. Et voilà bien un maître mot : le
« temps ». Très tôt il s’est fait ressentir de le maîtriser. Les
premiers calendriers sont alors apparus. Souvent ils s’appuyaient sur le
mouvement de la Lune ou du Soleil. Petit à petit ils se sont perfectionnés et
sont devenus de plus en plus précis. On pouvait alors s’y reporter pour
l’agriculture. Les Mayas utilisaient le Tzolk’in, un calendrier de 260 jours
divisé en 13 mois, appelé tonalpohualli par les Aztèques, et le Haab’
comportant dix huit mois de 20 jours chacun auxquels s’ajoutait un dix neuvième
mois de 5 jours. Chaque jour portait un nom différent selon ces deux
calendriers, ce qui rendait leur utilisation assez compliquée. La plus vieille
éclipse de Lune dont mention nous soit parvenue est celle du 17 janvier 3380
av. J.-C., qui aurait été décrite par les Mayas. Les premiers cadrans solaires
datent des présocratiques.
Mais il semble que les premières observations des
phénomènes célestes se sont effectuées en Mésopotamie voilà plusieurs milliers
d’années. Les Babyloniens sont les premiers à avoir consigné par écrit le
caractère périodique de certains phénomènes célestes, et à avoir appliqué le
calcul écrit pour formuler leurs prévisions. C’est l’origine de l’astronomie
occidentale que l’on peut situer vers 3000 av. J .C. Les astres étaient
alors souvent considérés comme des Dieux et la détermination de leur position
permettait d’établir des horoscopes, des calendriers ou des almanachs. En
effet, à cette époque astronomie et astrologie se confondaient, sauf sans doute
en Egypte. C’est encore hélas, quelquefois le cas de nos jours. D’ailleurs,
pour ce peuple, c’est le dieu Mardouk qui a créé les cieux et la Terre. Les
prédictions étaient généralement basées sur les incendies, les inondations ou
autres phénomènes de ce genre. L’essentiel étant qu’ils apparaissent comme
quelque chose de scientifique et liés à la position des planètes. Mais
l’astronomie babylonienne a déjà permis d’établir quelques règles arithmétiques
sur le déplacement des planètes, bien que liée à la mythologie. Il y a 5 000
ans, les Egyptiens avaient établi un calendrier assez précis de 365 jours.
L’étoile « Sotis » (Sirius de nos jours) était surveillée avec
attention car son retour annonçait les crues du Nil et donc les fertilisations
des terres, ce qui était primordial pour l’agriculture.
Nous savons que les Chinois observaient régulièrement
le ciel car des écrits d’au moins 3000 ans nous sont parvenus Certains d'entre
eux comportent des traités astronomiques. Le document, désigné sous le nom de
carte de Dunhuang et conservé à la British Library de Londres, est un atlas céleste
complet découvert en 1900 parmi 40 000 manuscrits précieux entreposés dans les
grottes de Mogao (également appelées « monastère des mille Bouddhas), sur
la Route de la Soie chinoise. L’étude scientifique détaillée de la carte
réalisée par les chercheurs a permis de conclure que l’atlas qui contient plus
de 1300 étoiles a été composé dans les années +(649-684).
Utilisant des méthodes de projections mathématiques précises, il conserve une
précision de 1,5 à 4° pour les étoiles les plus brillantes. C’est la plus
ancienne carte d’étoiles connue toutes civilisations confondues et la première
représentation graphique de l’ensemble des constellations chinoises. Le
document se présente sous la forme d’un rouleau de papier très fin, de 394
centimètres de long et 24,4 cms de large. La première section est consacrée à
l’étude des nuages, suivie par un atlas complet du ciel chinois présentée sur
12 panneaux le long de l’équateur, et complété par une carte du pôle nord
céleste. La précision est remarquable avec un écart par rapport à la position
réelle des étoiles de seulement 1 à 3°. Chaque panneau représente la région
parcourue par le Soleil en un mois. Les étoiles sont réparties en trois groupes
de couleurs différentes pour distinguer les trois catalogues anciens élaborés
durant la période des Royaumes Combattants (- 476 à – 221). Le document est
dessiné très soigneusement à la main, avec le nom indiqué pour la plupart des
constellations. On a également trouvé mention des supernovae de 1006, 1054 et
1181. Ce peuple utilisait un système de coordonnées équatoriales et connaissait
les douze signes du zodiaque. Il utilisait un calendrier dont chaque mois
débutait par le jour prédit de la nouvelle Lune. Le ciel était divisé en
astérismes un peu à la manière de nos constellations actuelles.
L’astronomie a subit une véritable révolution avec
l’apport des Grecs. Ceux-ci en effet étaient des érudits et des mathématiciens.
Leur rencontre avec les Egyptiens fut quelquefois ombrageuse certes, mais fit
faire un grand bond en avant, scientifiquement parlant. Les philosophes grecs
étudiaient la nature.
Thalès, savant grec et philosophe, est né à Millet
vers –625. Il est sans doute l’un des plus grands novateurs de l’histoire de la
Pensée. C’est en Egypte qu’il parfait sa connaissance du ciel. Son intérêt pour
l'astronomie
le poussa à faire de nombreuses observations sur les constellations.
Il aurait été le premier à noter le voyage du soleil entre
les deux Tropiques. Il établit aussi que certaines étoiles
n'étaient pas toutes fixes par rapport aux autres et
il les baptisa « Planètes », ce qui signifie corps errant. On dit
même qu'il parvint à en répertorier les éphémérides. Il fut aussi le premier à
constater que l'année ne comptait pas 365 jours, mais 365 et un quart. Il
mesura les pyramides d'Égypte en calculant le rapport entre leur ombre et celle
de notre corps. L'anecdote rapporte que le Pharaon Amasis aurait
mis ses connaissances à l'épreuve en lui disant que personne n'était en mesure
de savoir quelle était la hauteur de la grande pyramide]. Il partit simplement du principe qu'à
un certain moment de la journée, l'ombre de tout objet devient égale à sa
hauteur. Il ne lui restait qu'à déterminer le moment exact. Par la suite,
Thalès se servit de sa propre taille comme unité de mesure. Il obtint les
résultats suivants : 18 thalès pour l'ombre, puis il mesura le côté de la
base qu'il divisa par deux et obtint 67 thalès ; la pyramide de Khéops
mesure alors 85 Thalès. Or en mesure locale, le Thalès valait 3,25 coudées
égyptiennes, ce qui fait 276,25 coudées au total. Nous savons aujourd'hui que
la hauteur de la pyramide de Khéops est de 280 coudées soit 147 mètres. Comme
quoi, la mesure de Thalès était déjà passablement précise. Impressionnés par ce
calcul, les prêtres lui donnèrent accès à la bibliothèque où il put consulter
de nombreux ouvrages d'astronomie.
Pythagore
était un autre grand observateur de la nature. On dit qu’il pensait la Terre
ronde, tournant sur elle-même en 24h et autour du Soleil en 365j ¼. Des
historiens prétendent que Pythagore n’a jamais existé. Pourtant il a été facile
de retrouver la trace de ses parents, de son épouse et de ses enfants.
« Tout est nombre » disait Pythagore, qui est à l’origine du Quadrivium
(Au moyen âge, ce terme désignait l’arithmétique, la musique, la géométrie et
l’astronomie). On ne peut parler de Pythagore sans rappeler son célèbre
théorème : Dans un triangle rectangle plan, le carré de la longueur de
l'hypoténuse (côté opposé à l'angle droit) est égal à la somme des carrés des
longueurs des côtés de l'angle droit.
Platon né à Athènes en -428 est avant tout un
philosophe. Dans le timée, son dieu originel est le plus parfait qui soit. Son
œuvre ne peut donc être que parfaite et il lui a donné la forme qui, selon
Platon, correspond le mieux à ces critères : la sphère. Ce ciel est unique,
en rotation uniforme, et se suffit à lui-même. Il y règne un ordre parfait,
c’est-à-dire mathématique.
Eudoxe
né à Cnide (Anatolie) en –406 est l’élève de Platon. Il est principalement
connu pour sa théorie dite des "sphères homocentriques". Pour Eudoxe,
les astres tournent tous autour de la Terre, qui est immobile : le Soleil,
la Lune et toutes les planètes alors connues (Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et
Saturne). Les mouvements de chaque astre sont commandés par un groupe de
sphères qui lui est propre. Les étoiles bougent elles aussi selon Eudoxe,
puisque pour lui la Terre est immobile. Elles sont fichées dans une sphère
tournant d'Est en Ouest en 24 heures autour de l'axe des pôles de la Terre. Ce
système permet à Eudoxe de modéliser (au moins qualitativement) le mouvement
rétrograde des planètes. Eudoxe fut le premier à calculer la durée de rotation
de l'année terrienne. Il l'évalua à 365 jours 1/4. Ce résultat, très
proche de la valeur connue de nos jours, a été amélioré par Clavius à la
demande de Grégoire XIII pour la création du calendrier grégorien.
Né
en Macédoine à Stagire en –384, Aristote, ce disciple de Platon est le
fondateur de la pensée scientifique. Il fut le premier à s’attacher
sérieusement aux sciences naturelles et aux sciences humaines. Il garde la
séduisante image platonicienne d’un ciel géocentrique en forme de grosses
boules et les délicates constructions d’Eudoxe. Sachant que rien ne peut
exister en dehors du premier, il emboîte les secondes les unes dans les autres,
dans l’ordre où Platon rangeait les astres. Bref, il arrive à un résultat de 55
sphères de nature parfaite et immuable, tout en laissant le soin aux
mathématiciens de trouver le nombre exact. Après Aristote débute la période
hellénistique avec l’apparition de l’école d’Alexandrie. Elle s’étend sur
environ trois siècles.
La circonférence de notre planète a été réalisée au
IIIe siècle avant notre ère par Eratosthène. Il vivait alors à Alexandrie en
Egypte où il dirigeait la célèbre bibliothèque. C’est dans ce lieu où est
rassemblé le savoir humain, qu’un jour il fut surpris par un document indiquant
qu’à Syène, aujourd’hui Assouan, au sud de l’Egypte, un bâton planté dans le
sol n’émet pas d’ombre le 21 juin à midi. De plus, le Soleil se reflétait très
exactement au fond d’un puit. C’est alors qu’il eut l’idée, un 21 juin à midi,
de faire cette expérience à Alexandrie. Mais là, contrairement à Syène, le
bâton faisait une ombre. Eratosthène était astronome mais également
mathématicien. Il pensa que seule une surface courbe pouvait créer ce
phénomène. Il connaissait également la distance qui séparait Alexandrie de
Syène soit environ 800 kilomètres. L’angle formé entre l’extrémité de son bâton
et la longueur de l’ombre était de 7 degrés, ce qui représente près d’un
cinquantième de 360 degrés, la Terre étant sphérique, car n’oublions pas
qu’alors, de nombreux philosophes grecs pensaient que la Terre était plate,
contrairement aux pythagoriciens. Par conséquent, il se dit qu’en multipliant
50 fois 800 kilomètres le résultat devait correspondre à la circonférence de la
Terre, soit 40 000 kilomètres. Et en effet, il était bien près de la vérité.
Cette découverte incita de nombreux navigateurs courageux à s’aventurer sur les
mers. Ce fut aussi l’époque des fondements de l’astronomie. On y relevait la
position des planètes connues à cette période. La Chine n’était pas en reste et
l’astronomie y était pratiquée depuis bien longtemps. Mais ce pays était bien
loin de l’occident et nul ne connaissait leurs avancées en la matière.
Ensuite, on voulu calculer d’autres distances, et en
particulier dans le système solaire. C’est ainsi qu’Aristarque de Samos (vers
320-250 av. J.C.) entreprit de mesurer les distances de la Lune et du Soleil.
Bien entendu, les instruments de cette époque ne permettaient pas ce genre de
calcul et les résultats furent assez éloignés de la réalité. Mais il faut bien
un début. Et plus tard, ces calculs deviendront de plus en plus précis. C’est
le cas notamment avec Claude Ptolémée (100-165 ap. J.C.) qui évalua la distance
de la Lune à 29,5 fois le diamètre de la Terre. En réalité elle est de 30 fois.
Citons encore Apollonios de Perga (-240 ; -174)considéré comme l’un des plus grands mathématiciens de
l’antiquité. Claude Ptolémée apporta beaucoup à l’astronomie en écrivant
« La syntaxe mathématique », appelée plus tard
l’ « Almageste », ouvrage de treize volumes, et proposa un
modèle planétaire géocentrique du système solaire dans lequel donc, la Terre en
était le centre, modèle qui d’ailleurs allait faire référence durant plusieurs
siècles. Il rend compte du mouvement de la Lune, Mercure, Vénus, le Soleil,
Mars, Jupiter et Saturne, ainsi que des étoiles considérées à l’époque comme
fixes.
A partir du VIIe siècle, la civilisation tend à se
déplacer vers les pays musulmans. L’ère islamique débute en 622. Cette
civilisation fut inspirée par les Perses, l’Inde et la péninsule ibérique. Un
siècle plus tard les Arabes sont à leur apogée mais subissent cependant de
sérieux revers dans leurs différentes conquêtes, comme à Poitiers en 732 où
Charles Martel les repousse. Ils ont cependant traduit les écrits des grands
penseurs grecs. Une contribution essentielle de l’islam à la science est
l’adoption de la numérotation à dix chiffres, du zéro à neuf. L’occident
l’adopte rapidement. A la fin du IXe siècle, al-Battani (Albategnius)
(858-929), observe à l’aide d’instruments sophistiqués dans son observatoire de
Raqqa sur l’Euphrate. Il détermine et vérifie les principales constantes
astronomiques.
Il faut en effet attendre le Polonais Nicolas Copernic
(1473-1543) pour révolutionner la vision du système solaire. Copernic devient
orphelin très jeune et c’est son oncle Lucas Watzelrode qui se charge de lui et
de son frère André. Après avoir été élève à l’université de Cracovie, Nicolas
part en Italie à Bologne en 1496. Il y étudie le droit et la médecine mais
s’initie également à l’astronomie, science qui le passionne. Un an plus tard,
il reçoit l’acceptation de son élection au canonicat de Warmie mais décide de
rester à Bologne. Puis en 1501 il s’inscrit à l’école de médecine de Padoue.
Son retour en Pologne se réalisa six ans plus tard où il devient chanoine. Il
est également un fin politicien et s’intéresse à
l’économie de son pays qui est en pleine crise monétaire. En 1513 Copernic fit
construire un observatoire qui lui permit d’observer le mouvement des planètes.
Un an plus tard il rédigeait « Sur les théories des mouvements des
objets célestes d’après leur arrangement » qui ne fut pas publié. Ce
manuscrit fut réservé à ses amis. C’est ici qu’il proposa la Terre en mouvement
et le Soleil immobile. Ce n’était guère facile à faire admettre et il restait
prudent vis à vis de l’église pour qui le centre du monde était la Terre. Il
travailla donc dans l’ombre et écrivit son œuvre majeure « Des révolutions
des orbes célestes » qu’il acheva en 1530 et dont il refusait la
publication. Celle-ci eut tout de même lieu l’année de sa mort en 1543. Mais
bien sûr, l’église toute puissante s’opposait fermement à cette vision du
système solaire. Bien peu de scientifiques s’y rallièrent. Parmi eux, un
certain Giordano Bruno tenta même de développer cette théorie car pour lui,
Copernic n’était qu’un « simple mathématicien ». L’inquisition le
condamna au bûcher. Cependant, l’œuvre de Copernic faisait son petit bonhomme
de chemin.
C’est alors qu’arrive un homme particulièrement
intéressant : Galileo Galilei (dit Galilée) voit le jour à Pise le 18
février 1564. Sa famille s’installe ensuite à Florence. Galilée fréquente alors
un monastère et il est attiré par les mathématiques et la mécanique. En 1581 il
étudie la médecine à l’université de Pise selon le vœux
de son père. Mais cette discipline ne l’intéresse pas vraiment. Il revint donc
vers les mathématiques qu’il affectionnait tant. En 1589 il devient professeur
de mathématiques à l’université de Pise puis à Padoue trois ans plus tard. Il y
enseignait également la géométrie et l’astronomie. En 1608 Galilée se procura
une lunette que venait de faire breveter un hollandais du nom de Hans
Lipperhey. En effet, la Hollande était en guerre contre l’Espagne et cet
instrument, destiné à l’armée était très précieux. Par contre il est difficile
de connaître son inventeur. Galilée l’améliora et en fabriqua une qui
grossissait davantage. C’est en janvier 1610 qu’il la pointa vers le ciel. A
partir de cet instant, l’astronomie allait changer de visage. La Voie lactée
était emplie d’étoiles. La Lune possédait un relief tourmenté. Quatre Lunes
tournaient autour de Jupiter. Saturne paraissait entourée
de deux disques plus petits. Cette même année il publia « Le messager
céleste » dans lequel il annonçait ses découvertes. En 1613 il écrivit
« Lettre sur les taches solaires » où il soutenait le système
héliocentrique de Copernic. Mais la sainte inquisition voyait tout cela d’un
très mauvais œil car cela allait à l’encontre des saintes écritures. Les ennuis
de Galilée allaient vraiment prendre forme quand il publia le « dialogue
sur les deux grands systèmes du monde ». Le livre connut un grand
succès mais les partisans de Ptolémée fulminaient. L’église fit arrêter
l’imprimerie du livre en 1632 et convoqua Galilée à Rome où il dut abjurer
l’hérésie de la théorie copernicienne. De plus il fut condamné à
l’emprisonnement à vie. En réalité il passa le restant de sa vie en résidence
surveillée. Devenu aveugle, il mourut le 8 janvier 1642. Il faudra attendre
1992 pour que le pape reconnaisse l’erreur de l’église vis à vis de Galilée.
Contemporain de Galilée, Johannes Kepler naquit en
Allemagne dans la ville de Weil der Stadt le 27 décembre 1571. Sa santé était
fragile mais il dut travailler très jeune dans l’auberge de son grand-père où
il vivait avec sa mère. Après avoir fréquenté l’école de Leonberg puis une
école latine, il s’inscrivit à l’université de Tubingen en 1587. Il y étudia la
théologie et la philosophie mais était doué pour les mathématiques et
l’astronomie. Il soutenait l’héliocentrisme de Copernic. A Graz, il établit un
calendrier astrologique dont certaines prédictions se réalisèrent, ce qui lui
fit acquérir une grande notoriété auprès du public. Durant sa vie il établira
quinze calendriers de ce type. A vrai dire, ce qui l’intéressait avant tout,
c’est l’argent que lui rapportait ce genre de travail. Mais la géométrie
l’inspira à mieux comprendre les orbites planétaires et en 1596 il publiait
« Les mystères du monde ». Quelques années plus tard, il
allait établir trois lois, toujours utilisées, pour décrire le mouvement des
planètes autour du Soleil. Son œuvre « L’harmonie du monde »
fut achevée en 1618. Par ces cinq volumes il était convaincu avoir découvert la
logique de Dieu pour la création de l’univers. Mais en 1630 il se retrouva dans
une situation financière très précaire et il se rendit à Regensburg où il
espérait trouver de l’argent. Malheureusement il contracta une mauvaise fièvre
peu de temps après qui l’emporta le 15 novembre de cette même année.
Il fut une époque où Kepler travailla avec un
astronome danois : Tycho Brahe. Né en 1546 dans une noble famille, il est
envoyé dès l’âge de treize ans à l’université de Copenhague. En 1560, c’est une
éclipse de Soleil qui l’attire vers l’astronomie. Après avoir beaucoup voyagé,
il découvre une nouvelle étoile dans la constellation de Cassiopée ce qui le
pousse à rédiger « De nova stella » où il consigne ses
observations et ses conclusions. Devenu célèbre, le roi Frederic II lui offre
l’île de Hven pour y construire un observatoire. Brahe l’appellera
« Uraniborg ». A l’aide de divers instruments qu’il fit construire
tout spécialement, il réalisera de très nombreuses observations soigneusement
répertoriées. Il établira entre autres un catalogue d’étoiles très précis pour
l’époque, dont se serviront souvent ses successeurs. Mais d’un caractère très
dur, il perd ses mécènes à la mort de Frederic II en 1588. Il quitte alors son
île pour reprendre ses voyages et c’est à Prague qu’il mourra en 1601.
Tycho Brahe était surnommé « l’homme au nez
d’or » car en effet, lors d’un duel en 1566, il perdit son appendice qu’il
fit remplacer par une prothèse réalisée en argent et en or.
Christiaan Huygens est né à La Haye aux Pays-bas le 14
avril 1629. Le nom de Huygens est bien sûr mondialement connu grâce à la sonde
du même nom qui a été expédié sur Titan. Le père de Christiaan est
mathématicien et un scientifique accompli. L’avenir de son fils semble donc
tracé. Le jeune Huygens est influencé par Descartes mais plus tard il sera en
désaccord avec ce philosophe. Il travaille sur une théorie concernant les
forces agissant sur un corps dans un mouvement circulaire. Il y applique la
fabrication d’une horloge utilisant le mouvement régulier d’un balancier.
Arrivé à Paris avec son père en 1655 il y expose ses résultats d’observation de
Titan, le plus important satellite de Saturne. Plus tard, de retour aux
Pays-bas il se consacre à Saturne et ses anneaux, mais également à Mars et son
relief, puis le passage de Mercure devant le Soleil. Il découvre aussi la
grande nébuleuse d’Orion. Il explique la diffraction et la réflexion de la
lumière dans son mouvement ondulatoire, en s’opposant en cela à Newton et
explique la propagation de la lumière dans son « Traité de la lumière ».
En réalité, sa plus grande contribution à la théorie ondulatoire fut d’avoir
démontré qu’elle explique également la propagation rectiligne des rayons
lumineux tout en prévoyant qu’un rayon pénétrant par un petit trou s’éparpille
tout autour. Plus tard, des arguments décisifs seront apportés par l’Anglais
Thomas Young (1773-1829) et le Français Jean Fresnel (1788-1827), qui
démontreront que dans certains cas la superposition de deux rayons lumineux
produit l’obscurité, ce qui n’est pas compatible avec un modèle corpusculaire.
Huygens définit la force centrifuge, et encore bien d’autres travaux. Il est
infatigable. En 1661 il est nommé membre de la Royal Society. En 1673 il publie
« Horlogium Oscillatorum »,
un de ces ouvrages majeurs, où il explique le fonctionnement et le montage
d’une horloge à pendule. Mais peu à peu sa santé se fragilise et la politique
de Louis XIV lui déplaît. Il retourne donc dans son pays natal pour y
poursuivre son œuvre. Il y mourra en 1695.
Isaac Newton naît prématurément le 25 décembre 1642 à
Woolsthorpe dans le Lincolnshire en Angleterre. Il n’a pas connu son père, mort
trois mois plus tôt. Sa mère se remaria avec un riche pasteur alors qu’il avait
deux ans, et dès lors il fut confié à sa grand-mère. Durant son enfance et même
au-delà il ne manifesta que bien peu d’égards à sa famille et à ses amis. De
nature curieuse et s’intéressant un peu à tout il n’eut pas une bonne
scolarité. Ses enseignants le disaient inattentif et paresseux. Quand il eut
dix ans, sa mère devint veuve à nouveau mais hérita d’une belle somme d’argent.
Comme le jeune Isaac n’était pas doué pour l’école, elle décida de l’en retirer
afin qu’il travaille dans sa ferme. Mais ce ne fut guère mieux et il fut remis
à l’école. A l’université de Cambridge il obtint une bourse en 1664. Mais
l’établissement ferma ses portes un an plus tard à cause de la peste bubonique.
Newton se retira à Lincolnshire pendant un an et demi. Il y étudia les mathématiques,
la mécanique, l’optique et la gravitation. Cette période lui fut bénéfique. Ce
serait aussi dans ces moments là qu’il s’interrogea sur le fait qu’une pomme
tomba d’un arbre sous lequel il se trouvait et qu’il se posa la question :
pourquoi ce fruit tombe au sol et que la Lune reste en orbite autour de la
Terre ? Mais cette légende n’a jamais été prouvée. De retour à Cambridge,
il étudia la philosophie et la science. Il était également très attiré par les
écrits de Copernic, Galilée et Kepler. En 1669, alors qu’il fut nommé
« Lucasian Professor », il fit ses premières expériences sur la
lumière. A l’aide d’un prisme de verre, il décomposa la lumière blanche en
plusieurs faisceaux colorés allant du violet profond au rouge sombre, en un
spectre continu (continuum). Sans le savoir, Newton venait de fabriquer le
premier spectroscope. Il fit également de grands progrès en mathématique. Il
établit également la loi de la gravitation universelle qui dit que la force de
gravité entre deux objets est inversement proportionnelle au carré de la
distance qui les sépare. Et il en déduisit les trois lois du mouvement. La
physique gravitationnelle était née et il en écrivit un traité : « Les principia ». Travaillant
presque jour et nuit, il en oubliait parfois de se nourrir. Plus tard il devint
gouverneur de la monnaie royale qui lui permit le rétablissement de l’intégrité
de la monnaie anglaise. En 1705, il fut fait chevalier par la reine Anne. Suite
à une crise de goutte et une infection pulmonaire, Newton mourut en mars 1727.
Invité en 1671 par
Jean-Dominique Cassini (1625-1712) à séjourner à l'Observatoire de Paris qu’il
dirige, l'astronome danois Olaf Christensen Römer (1644-1710) y étudie
notamment le mouvement des satellites galiléens de Jupiter, découverts en 1610
par Galilée. Il constate astucieusement que les occultations de ces satellites
par la planète sont en retard par rapport aux prédictions des éphémérides
lorsque la Terre est loin de Jupiter, et qu'ils sont en avance lorsque la Terre
en est plus proche. Il en déduit en septembre 1676 que c'est le temps que met
la lumière à nous parvenir de Jupiter qui cause ce retard ou cette avance. Il
calcul alors celle-ci et en déduisit qu’elle voyageait 10 000 fois plus vite
que la Terre sur son orbite, ce qui est proche de la valeur réelle.
A noter que c’est
Jean-Dominique Cassini qui découvre la grande tache rouge de Jupiter en 1665.
On lui doit également la découverte de quatre satellites de Saturne, ainsi
qu’une division dans les anneaux de cette même planète, qui porte désormais son
nom. Mais on parle souvent de « dynastie » Cassini car en effet
quatre d’entre eux furent de grands scientifiques.
A cette époque, la Royale Society à Londres et
l’Académie royale des sciences à Paris, régnaient sur l’Europe scientifique.
Des observatoires s’érigeaient tels ceux de Greenwich et de Paris. Munis
d’équipements perfectionnés, les astronomes et mathématiciens travaillaient sur
la mécanique céleste amorcée par Newton, afin de définir au mieux l’orbite des
planètes. Parmi ceux-ci on trouve Pierre Louis Moreau de Maupertuis
(1698-1759), instigateur d’une expédition en Laponie pour mesurer la longueur
d’un degré d’arc de méridien ; Alexis Claude Clairaut (1713-1765), qui élabora une théorie sur la forme de la
Terre et calcula l’orbite de la comète de Halley ; Jean le rond d’Alembert
(1717-1783), qui décrivit le mouvement de la Terre autour de son centre de
gravité ; Charles Messier (1730-1817) était avant tout un « chasseur
de comète ». Il en étudia plus de quarante et en découvrit une vingtaine.
Mais il se rendit compte que ces petits objets diffus pouvaient être confondus
avec d’autres qu’on appelait à l’époque nébuleuses. Pour bien distinguer les
deux il établi un catalogue de ces objets, comportant 110 entrées diverses tels
que des galaxies, des nébuleuses proprement dites ou des amas stellaires ;
Joseph Louis Lagrange (1736-1813), qui étudia le problème de la stabilité du
système solaire ; Pierre Simon Laplace (1749-1827), et bien d’autres
encore. Ce dernier peut être considéré comme le Newton français. Il naît en
Normandie à Beaumont en Auge et travaille bien à l’école ce qui lui l’accession
aux ouvrages scientifiques les plus récents. Il arrive à Paris à 18 ans où
d’Alembert lui obtiendra un poste d’enseignant en mathématique. Puis il
travaille avec Lavoisier sur des mesures calorimétriques relatives aux chaleurs
spécifiques et aux réactions chimiques. Il décrit ses travaux dans les cinq
volumes de sa « Mécanique céleste ». On lui doit aussi
l’hypothèse de la formation du système solaire à partir de la condensation
d’une nébuleuse primitive. Il expliqua les marées, l’aplatissement de la Terre,
la libration de la Lune, la forme et la rotation des anneaux de Saturne et la
précession des équinoxes. Il fut également le premier à faire allusion à des
singularités gravitationnelles, ce qui deviendra plus tard les trous noirs.
William Herschel est né à Hanovre en Allemagne
(1738-1822). Troisième de six enfants il est initié très tôt à la musique par
son père, lui-même musicien, et joue du hautbois. En 1757 il part en Angleterre
avec son frère Jacob et y vit de la musique. Puis son intérêt se porte sur
l’optique. En 1772 sa sœur Caroline le rejoint. Il est alors passionné par
l’astronomie. Les télescopes avec lesquels il travaille ne lui donnent guère
satisfaction. Il décide donc d’en fabriquer lui-même. Peu à peu ses instruments
deviennent de très bonne qualité et surpassent même ceux de l’observatoire de
Greenwich. Il observe beaucoup les étoiles et notamment les étoiles doubles. En
mars 1781 il remarque un petit objet diffus et pense qu’il s’agit d’une comète.
En fait il s’agit d’Uranus. Cette découverte lui vaudra la médaille Copley
décernée par la Royal Society. En 1789 il aboutit à un télescope de 12 mètres
de longueur focale et 1,2 mètre de diamètre qui lui permet de découvrir deux
satellites supplémentaires à Saturne. Il dénombre 2 500 objets diffus. En 1800,
à l’aide d’un thermomètre, il montra qu’une chaleur se manifestait au-delà de
la lumière rouge émise par le Soleil. Il l’appela « radiation
infrarouge ». Les balbutiements de la spectroscopie étaient nés. En 1816
il est fait chevalier par la reine. Il travaillera jusqu’à sa mort. Quant à sa
sœur Caroline, elle seconde son frère William en consignant toutes ses
observations. Mais elle est aussi une observatrice avertie et découvre trois
nébuleuses en 1783. De plus elle découvrira huit comètes et remet à jour le
catalogue d’étoiles de Flamsteed. A la mort de William, elle retourne vivre à
Hanovre jusqu’à sa mort en 1848.
Nous venons de parler très brièvement de
spectroscopie. En réalité c’est en 1786 que l’astronome américain David Rittenhouse
fabriqua le premier « réseau » pour diffracter la lumière. Pour cela
il tendit des cheveux entre des pas de vis très fins. Plus tard en 1821, le
physicien allemand Fraunhofer (1787-1826) utilisera la même technique avec des
fils métalliques. C’est ainsi qu’il découvrira des raies sombres, donc
d’absorption, dans le spectre solaire.
Urbain Jean-Joseph Le Verrier (1811-1877) est né à St
Lô où il passe huit ans au collège avant d’entrer au collège Royal de Caen. Là,
il se consacre principalement aux mathématiques. Ensuite il se rend à Paris,
passe par le collège Louis le grand pour rentrer à l’école polytechnique en
1831. Deux ans plus tard il en sort ingénieur pour l’administration des tabacs.
Mais ça ne dure pas, il préfère se consacrer à la science et en particulier à
la mécanique céleste. Il perçoit des anomalies dans l’orbite d’Uranus. Pensant
qu’il peut s’agir des perturbations d’une planète inconnue, il se lance dans
les calculs pour définir son orbite. Bien lui en a pris puisqu’effectivement,
Cette nouvelle planète est observée d’après ses données. Elle est baptisée
Neptune. Autrement dit, Le Verrier e découvert Neptune uniquement avec un
crayon et du papier. Il tente de réitérer la même chose pour Mercure, mais là
il se trompe. Mercure présente bien des anomalies mais ce n’est nullement dû à
une autre planète. Plus tard la relativité en donnera l’explication. En janvier
1854 il devient directeur de l’observatoire de Paris où il mettra en place un
réseau d’observatoire météorologique sur l’ensemble du territoire. On lui doit
la météorologie moderne. Il meurt à Paris d’une douloureuse maladie.
Un écossais, James
Clerck Maxwell (1831-1879) né à Edimbourg, était mathématicien et physicien.
Ses parents étaient aisés et dès sa plus tendre enfance il faisait preuve d’une
curiosité peu ordinaire. Cependant sa scolarité n’est pas bien vaillante. De
plus ses camarades se moquent souvent de lui, mais il n’y prête pas trop
attention. Il se lie tout de même d’amitié avec deux d’entre eux qui deviendront
d’ailleurs de très brillants étudiants : Lewis Campbell et Peter Guthrie
Tait. Mais à treize ans, un peu contre toute attente, il remporte la médaille
de mathématique de son école tout comme le premier prix d’anglais et de poésie.
L’année suivante il trouve un ingénieux moyen de tracer des ellipses et décrit
celles-ci avec grande précision. A partir de seize ans, il va étudier à
l’université d’Edimbourg et ses résultats s’améliorent vite. Il profite même de
son temps libre pour réaliser quelques expériences de sa conception avec des
appareils de chimie notamment. Mais ce qui l’attire d’abord sont les propriétés
de la lumière polarisée. Il va rapidement découvrir la photoélasticité et la
biréfringence. A 19 ans il part pour Cambridge et entre au Trinity college d’où
il en sortira diplômé en mathématique quatre ans plus tard. Puis, fort de ses
compétences en optique, il donnera des cours sur le sujet. A partir de 1856, à
Aberdeen où il professe désormais, il étudie les anneaux de Saturne. Il mettra
deux années à comprendre leur nature physique. En 1860 il part à Londres avec
son épouse, pour y tenir une chaire de philosophie au King’s College. C’est là
qu’il va travailler sur l’électromagnétisme, l’électrostatique et autres champs
magnétiques. Il formule ses célèbres équations à partir des travaux de Faraday
(1791-1867) et de Ampère (1775-1836). Il meurt à
Cambridge le 05 novembre 1879. Albert Einstein reconnaîtra son travail comme le
plus fructueux depuis Newton.
L’astronomie est désormais une science populaire. De nombreux amateurs s’y adonnent et parmi eux, certains l’enseignent. C’est le cas en France de Camille Flammarion. Né à Montigny le Roi le 26 février 1842, il reste un vulgarisateur scientifique hors pair. Après des études à Langres il débute sa carrière au bureau des longitudes à Paris. Persuadé que notre planète n’est pas la seule à héberger la vie, il écrit son ouvrage sur « La pluralité des mondes habités ». Mais son directeur, Urbain le Verrier, ne voit pas cela d’un bon œil et il le congédie. Il entre alors à la rédaction de la revue « Cosmos » puis devient rédacteur scientifique au journal « Le siècle ». Son désir d’apprendre et de faire partager ses connaissances l’amène à donner des conférences sur l’astronomie. En 1866 il se fait construire une lunette de 108 mm de diamètre. Il étudie l’atmosphère en prenant place à bord d’aérostats. En 1883 il fonde l’observatoire de Juvisy sur un terrain qu’un riche propriétaire bordelais lui a offert, et la « Société astronomique de France » quelques années plus tard, au sein de laquelle il dirige la revue « L’astronomie ». Lors de ses observations, plus rares qu’il ne le voudrait, la planète Mars est une de ses cibles préférées. Durant sa vie il écrira de nombreux ouvrages scientifiques qui seront d’ailleurs sa principale ressource financière, parmi lesquels « L’astronomie populaire » est peut-être celui qui aura le plus de succès auprès du public. Il y décrit de manière simple et captivante, le système solaire et les étoiles. En 1902 il renouvelle l’expérience du pendule de Léon Foucault, par laquelle celui-ci avait démontré dès 1851 la rotation de la Terre. Grâce à cet homme de convictions l’astronomie est à la portée de tout le monde. Il s’éteindra à Juvisy en juin 1925.
« Une nouvelle vérité scientifique ne triomphe
pas en convainquant ses adversaires et en leur faisant voir la lumière, mais
plutôt parce que ses adversaires finissent par mourir, et que grandit une
nouvelle génération à qui cette vérité est familière ». C’est ce qu’à
écrit Max Planck à la fin de sa vie. Max Karl Ernst Ludwig Planck est né à Kiel
le 23 avril 1858 au sein d’une famille nombreuse. Il fréquenta l’école secondaire de Munich
avec de très bons résultats. Il adorait la musique et fréquentait l’opéra et
les salles de concert, à tel point qu’il hésita même à devenir musicien
professionnel car il jouait du piano avec talent. Finalement, en 1874 il entre
à l’université et y étudie la physique. Il n’est pas vraiment encouragé à
suivre cette voie, mais il persiste et part pour l’université de Berlin,
Baccalauréat en poche. Il y suit les cours du physicien Von Helmholtz, sans les
apprécier beaucoup. Attiré par le second principe de la thermodynamique et
l’entropie, il en fera le sujet de sa thèse de doctorat. En 1885 il obtient un
poste de professeur adjoint à Kiel mais n’y restera que quelques années jusqu’à
ce qu’il retourne enseigner à l’université de Berlin. La physique théorique
était peu enseignée en Allemagne et Planck savait que sa carrière n’avait pas
un brillant avenir. Il connaissait également un programme de recherche sur les
corps noirs et se penche sur leur rayonnement électromagnétique. En 1893, un
autre jeune physicien allemand de seulement vingt neuf ans, Wilhelm Wien
(1864-1928), avait découvert une relation mathématique décrivant l’effet d’un
changement de température sur la répartition du rayonnement d’un corps noir,
qui lui vaudra le prix Nobel de physique en 1911. Mais il s’avéra que cette loi
avait des failles au niveau de l’infrarouge. Des recherches avaient lieu à ce
sujet mais c’est Planck qui résolu le problème en 1900, sous la forme d’un nouvelle loi spectrale du rayonnement d’un corps noir,
appelé la loi de Planck. Elle décrit la répartition de l'énergie
électromagnétique (ou la répartition de la densité de photons) rayonnée par un
corps noir à une température donnée, en fonction de la longueur d'onde. Bien
que ne quantifiant pas la lumière en photons, cette loi sera à la base des
quanta. En 1911, Max Planck organise le premier congrès Solvay à Bruxelles, qui
réunit les plus grands physiciens de l’époque. Il reçoit le prix Nobel de
physique en 1918 et d’autres distinctions suivront. Ses écrits sont nombreux et
il donna de nombreuses conférences. Il s’éteint le 04 octobre 1947 à Göttingen.
Nous sommes encore bien loin de
connaître l’univers mais un homme va apporter une immense contribution à sa
compréhension. Albert Einstein est né à Ulm en Allemagne le 14 mars 1879. Il
n’aimait guère l’école et ses résultats étaient très passables. A cinq ans il
fut intrigué par l’aiguille d’une boussole que lui montrait son père. Elle
pointait toujours vers le Nord. Plus tard il déclara « Je sentais qu’il y
avait quelque chose de profondément caché derrière l’apparence des
choses ». Dès six ans il commença à apprendre le violon, il aimait la
musique. Il entre au lycée à dix ans mais supporte mal la discipline. Quelques
années plus tard il échoue à l’examen d’entrée de l’école polytechnique de
Zurich. On l’envoie alors étudier en Suisse où il obtient un diplôme en 1900.
Un an plus tard il a une petite fille avec Mileva Maric. L’enfant meure à l’âge
de deux ans. Albert Einstein est à la recherche d’un emploi mais la plupart des
portes se ferment devant lui. Passionné de physique il se résigne à accepter un
poste à l’office des brevets de Berne. Il peut alors vivre d’un salaire
honnête, bien que ce travail routinier ne l’intéresse pas vraiment. Il apprécie
à parler physique avec des amis et crée un groupe de discussion qu’il nomme
« Académie Olympia ». Partageant les résultats de leurs travaux,
Einstein écrit des articles qu’il soumet en 1905, à la revue allemande
« Annales de physique ». Il y est question de quantum de lumière, découvert
par Max Planck, des dimensions et mouvements de la matière, et de
l’électrodynamique des corps en mouvement, qui allait devenir la relativité
restreinte. Il s’agissait d’une compréhension de l’espace et du temps. Dans cet
esprit, n’importe qui devait mesurer la vitesse de la lumière en obtenant le
même résultat, quelque soit son déplacement. D’autre part, il énonçait que la
masse d’un objet augmente avec sa vitesse de déplacement. Il expliquait la
relation entre masse et énergie avec la célèbre formule E=mc2. C’est
cette équation qui plus tard, allait permettre la fission nucléaire et, hélas,
la bombe atomique. La révolution
scientifique est en marche. Einstein est vite considéré comme un génie, et
reconnu par ses pairs. D’ailleurs il devient très convoité et en 1911 il est
invité au premier congrès Solvay qui rassemble les plus grands scientifiques de
la planète. Il tient des postes de professeurs et désormais de nombreuses
portes lui sont ouvertes. Mais son couple ne se porte pas au mieux, loin s’en
faut, et il se sépare bientôt de Mileva pour divorcer plus tard. Il se
remariera en 1919 avec sa cousine Elsa. Entre temps il a beaucoup travaillé sur
la gravitation et établit la relativité générale en 1916 dans laquelle il
explique que non seulement la masse d’un corps exerce une influence sur les
autres corps, mais qu’elle modifie également la structure de l’espace en le
courbant et donc en infléchissant le trajets des rayons
lumineux. Cette théorie sera prouvée en 1919 lors d’une éclipse totale de Soleil.
En effet, au cours de celle-ci, Sir Eddington nota un léger déplacement d’une
étoile à proximité du Soleil, telle que le prévoyait la relativité générale.
Bien plus tard, lorsque des étudiants lui demandèrent quelle aurait été sa
réaction si cette observation avait infirmée sa théorie, il répondit
« J’aurais été désolé pour Dieu car mes calculs étaient corrects ».
La physique était révolutionnée et Einstein devint mondialement reconnu. Il
reçut le prix Nobel de physique en 1921 pour ses travaux sur l’effet
photoélectrique. Lors du cinquième congrès Solvay en 1927, il discute beaucoup
avec Niels Bohr au sujet de la mécanique quantique. Il s’oppose à
l’interprétation probabiliste de celle-ci. C’est alors qu’il dit à Bohr
« Dieu ne joue pas aux dés », ce à quoi Bohr lui répond « Qui
donc êtes-vous pour dire à Dieu ce qu’il doit faire ? ».
En 1932 Einstein
est nommé professeur de mathématique et de physique théorique à Princeton aux
Etats-Unis où il s’installa. Pendant la seconde guerre mondiale il craignait
que l’Allemagne développe une bombe atomique et s’adressa par courrier au
président Roosevelt pour lui faire part de ses craintes. C’est ce qui donna
lieu au projet Manhattan qui aboutit à l’élaboration et à l’utilisation des
premières armes atomiques. Einstein ne s’en remit jamais. Plus tard il confiera
à Linus Pauling : « j’ai fait une grande erreur dans ma vie, quand
j’ai signé cette lettre ». En avril 1955 il adresse une lettre au
philosophe Bertrand Russell, apportant sa signature à un manifeste demandant à
toutes les nations d’abandonner les armes atomiques. Une semaine plus tard, le
18 avril, Albert Einstein meurt d’une crise cardiaque.
Jusqu’aux années 1920 on connaît encore assez peu de
chose de l’univers. Les planètes, les étoiles, les nébuleuses font partie
intégrante de notre Galaxie, la Voie Lactée. Bien sûr, une astronome
américaine, Henrietta Leavitt (1868-1921) vient d’étudier un type d’étoiles
variables appelées Céphéides, en dehors de notre Galaxie, dans les nuages de
Magellan, établissant ainsi un rapport période/luminosité, et permettant de
calculer leur distance. Mais cette vision du monde va bientôt être bouleversée.
Edwin Hubble est né aux Etats-Unis dans le Missouri en novembre 1889. Rien ne
le prédispose vraiment à l’astronomie. Il aime le sport et boxe en amateur. Il
excelle également en athlétisme. Il fait aussi du droit. Cependant la science
l’attire et c’est un bon élève. Bénéficiant d’une bourse, il entre à
l’université de Chicago. Il y obtient de très bons résultats, particulièrement
en mathématique et en astronomie. Mais il continue à étudier le droit à Oxford.
Pendant quelques temps il sera avocat mais cette fonction le déçoit. Il décide
donc de revenir vers les mathématiques et la recherche en astronomie. En poste
à l’observatoire Yerkes, il étudie les « nébuleuses », but de sa
thèse. C’est là qu’il comprend que la plupart de ces objets sont des galaxies
très éloignées de nous. Il en établit même une classification morphologique. En
1919 on lui propose un poste à l’observatoire du Mont Wilson qui possède un
télescope de 2,5 m de diamètre. C’est le plus puissant de l’époque. Utilisant
la spectroscopie, il décèle un décalage vers le rouge des galaxies, ce qui
signifie qu’elles s’éloignent de nous. Nous seulement Hubble a repoussé les
frontières de l’univers, mais il vient de démontrer que celui-ci est en
expansion. De plus il calcule que plus la distance de ces objets est
importante, et plus leur vitesse d’éloignement augmente. Il en établit une loi,
appelée « loi de Hubble ». Il faut dire qu’un peu avant, un prêtre
Belge, l’abbé Lemaître (1894-1966), père de la théorie du Big-Bang, avait fait
cette prédiction mais ses résultats étaient passés inaperçus. Cette découverte
revient donc officiellement à Edwin Hubble. Le 28 septembre 1953, il décède
d’un accident vasculaire cérébral.
Mais c’est donc en 1927 que Georges Lemaître propose
d’expliquer l’origine de l’univers. Il rédige alors un article dans les Annales
de la Société scientifique de Bruxelles intitulé « Un Univers Homogène de
Masse Constante et de Rayon Croissant » établissant que l'univers est
en expansion. Il pense que l’univers est né d’une sorte de violente explosion à
partir d’un atome primitif. En 1949, le cosmologiste britannique Fred Hoyle
(1915-2001), qui défendait un état stationnaire de l’univers, se moqua de la
théorie de Lemaître lors d’une émission radiophonique, et la baptisa
« Big-Bang ». Ce terme, à l’origine ironique, fut adopté.
C’est aussi à cette époque que le système solaire
s’est agrandi. L’astronome américain Clyde William Tombaugh (1906-1997)
S’intéresse dès son jeune âge à l’astronomie. Il a été guidé à l’observation
par son père et son oncle. Bon bricoleur, il fabrique son matériel avec des
pièces de récupération et se plaît à observer les planètes. Il envoie des
croquis qu’il a réalisé à l’observatoire Lowell, en
Arizona. Vesto Slipher en est le directeur et il est assez impressionné par ce
travail. Il décide alors d’engager Tombaugh pour
réaliser des clichés photographiques consistant à rechercher une planète
au-delà de Neptune comme l’a prédit plus tôt Percival Lowell (1855-1916) qui a
d’ailleurs donné son nom à l’observatoire. Au début, les photographies sont de
piètre qualité mais petit à petit le matériel se perfectionne. Tombaugh prend
désormais plusieurs séries de clichés à intervalles réguliers et peut ensuite
les comparer. C’est ainsi qu’il mettra en évidence en 1930, le déplacement d’un
objet faible qui s’avère être la Planète Pluton. Par la suite, il fera d’autres
découvertes comme une supernova, deux comètes, des astéroïdes, ainsi que des
amas stellaires. Depuis 2006, l’union astronomique internationale a décidé que
Pluton ne présentait pas les critères des planètes du système solaire et n’est
donc plus considéré comme telle.
Le vingtième siècle est l’ère des grands instruments. On en construit un peu partout dans le monde, rivalisant tous en taille. Pendant longtemps, c’est le télescope Hale du mont palomar aux Etats-Unis qui détint longtemps la palme avec un réflecteur de 5 m de diamètre, avant d’être surpassé par celui de Zelenchukskaya en Russie, qui lui, possède un miroir de 6 m. Et la course au gigantisme ne s’est pas arrêté là. Plus on construisit les télescopes Keck à Hawaii possédant des miroirs de 10m. Puis plus récemment le Very Large Telescope à vu le jour en Amérique de sud. Les quatre principaux instruments de ce complexe sont dotés de miroir de 8,2 m et peuvent travailler en interférométrie, technique qui permet de créer virtuellement, un plus grand télescope.